Dans un entretien qu’elle a accepté de nous accorder, Catty Vandeskelde, psychologue et directrice de Cultures&Santé au milieu des années 1990, nous a raconté sa période à la tête de l’association. Elle a partagé avec nous les grandes lignes de son parcours et le contexte dans lequel elle a intégré l’asbl.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Catty Vandeskelde, je suis psychologue de formation. J’ai commencé à travailler comme formatrice en alphabétisation au Service Social des Etrangers à Saint-Josse dont le rôle était d’accueillir et d’accompagner les réfugiés chrétiens du Moyen-Orient, arrivés massivement dans les années 1980. Après les questions immédiates d’accueil et de vie possible en Belgique, se sont posées d’autres questions, en lien avec la santé physique puis la santé mentale, surtout en ce qui concerne les enfants. J’y ai assuré des animations santé destinées aux femmes. Puis je suis intervenue comme psychologue auprès des enfants et en appui dans les écoles fréquentées. Aujourd’hui, je suis toujours psychologue. J’exerce en cabinet et au sein d’un service résidentiel pour jeunes. Depuis 2014, je suis aussi formatrice à l’Institut de formation à l’intervention en santé mentale (IFISAM).

Qu’est-ce qui, dans votre parcours, vous a amenée à rejoindre Cultures&santé ?

Lorsque je travaillais au sein du Service Social des Etrangers, beaucoup d’initiatives voyaient le jour. Le centre avait notamment développé un pôle de formation professionnelle pour enseigner la joaillerie, le travail du cuir ou tout simplement le français. Notre travail était destiné à des personnes dont le niveau de scolarité était faible. Très vite, s’est posée la question de la santé de ces populations et notamment de celles des femmes. Une accompagnatrice-traductrice les accompagnait dans les diverses consultations médicales. Il a semblé utile de leur transmettre des informations basiques essentielles pour leur permettre de comprendre et prendre leur santé et celle de leur famille en charge, dans de meilleures conditions. J’ai été informée alors de l'existence d’un pôle d’animations santé qui proposaient des modules sur ce thème : il s’agissait de Cultures&Santé. Même si l’association avait l’habitude de travailler avec des populations différentes, les outils qu’elle développait et la façon d’approcher la personne peu scolarisée et la diversité culturelle m’intéressaient beaucoup. J’ai donc participé à un module de formation et organisé des animations santé avec beaucoup d’intérêt. Mais peu à peu, les subsides accordés au Service Social des Etrangers ont diminué et le centre a fermé ses portes. Le poste de directrice de Cultures&Santé était alors vacant et j’ai postulé.

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Quels étaient les domaines d’intervention de Cultures&Santé à ce moment-là ?

Quand j’ai rejoint Cultures&Santé, c’était une petite asbl. Elle faisait des animations et des formations qui avaient beaucoup de succès. Il y avait également un gros besoin de développer le centre de documentation qui était une véritable richesse mais nous n’avions que peu de subsides. Nous devions faire appel à un bénévole pour nous aider. Le projet de publier des livres en rapport avec l’animation santé en milieu peu scolarisé était toujours d’actualité et demandait un investissement considérable en terme de temps. Mes prédécesseurs avaient également développé un projet de formation d’interprètes en consultations médicales qui avait très bien marché et pris une grande ampleur. Mais, pour des questions de divergences de vues notamment, l’association a dû scinder ce projet du reste de l’activité. Dans la foulée, une asbl propre à cet aspect a été créée. Cultures&Santé s’est sentie alors comme amputée. Les membres du personnel étaient blessés d’avoir donné tant d’énergie au développement de ce projet, qui a pris son autonomie dans un climat conflictuel.

Comment avez-vous surmonté cette épreuve ?

Face à ces difficultés, nous avons décidé avec le conseil d’administration de nous rapprocher d’une entité plus vaste. Nous avons pris contact avec la Fédération des maisons médicales pour établir des synergies. Je suis donc partie en offrant d’autres perspectives à Cultures&Santé avec le sentiment d’un travail et devoir accompli, ainsi que la conviction personnelle que mon épanouissement professionnel était ailleurs.

Quel bilan tirez-vous de l’activité de cultures&sante ?

Cette expérience à la tête d’une association m’a beaucoup apporté et a nourri ma pratique de psychologue par la suite. J’y ai trouvé les clés d’une certaine approche : une sensibilité à la culture et une manière différente de l’aborder.

Avez-vous pu percevoir l’évolution de Cultures&Santé après votre départ ?

Je suis admirative de constater que le travail de Cultures&Santé a pu se poursuivre. J’ai consulté son site récemment et j’ai été très contente de m’apercevoir que l’asbl a pu continuer à vivre et à se déployer. C’est un peu le phénix qui renaît de ses cendres.

Cultures&sante en un mot ?

Ouverture.

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Un mot de la fin concernant les 40 ans de cultures&santé ?

Je souhaite que Cultures&Santé continue sur sa lancée car l’équipe a développé une approche très fine sur le plan culturel, anthropologique et sociologique en lien avec la santé. J’espère qu’elle poursuivra ce travail de sensibilisation sous différentes formes.

 

Propos recueillis le 9 février 2018 à Limelette